II. La conservation des molécules d'ADN

        Les grottes où les variations climatiques sont très réduites se sont révélées comme source potentielle d’ADN fossiles car ce sont des endroits privilégiés de conservation. En effet, les dégradations chimiques et enzymatiques sont ralenties lorsque les températures sont faibles, et lorsque le milieu est anaérobie (1).

       Dans le permafrost (2) et les glaciers, la décomposition est ralentie, voire arrêtée. L'ensemble des processus d'autolyse et de dégradation microbienne ne peuvent s’effectuer par manque d’eau liquide. C'est dans ce type d'environnement que l'on a retrouvé les spécimens sans doute les mieux préservés, par exemples des mammouths congelés en Sibérie, avec de nombreux morceaux de chair très peu décomposés.

        Dans les fosses d'asphalte, on a constaté que la conservation était excellente parce que le milieu est anaérobie, la décomposition est ralentie, ce qui favorise la préservation de l'ADN.

       Ainsi, le site La Brea Tar Pits est un gisement de fossiles découvert à Los Angeles. La présence de fosses à bitume sur le site a permis de découvrir des animaux conservés dans ce matériau. L'asphalte est lentement remonté à la surface terrestre de cette région sur une période de plusieurs dizaines de milliers d'années, formant des centaines de mares gluantes qui emprisonnèrent animaux et plantes. Au cours du temps, l'asphalte a fossilisé leurs restes. Le site a livré de très nombreux fossiles, végétaux ou animaux, datant pour la plupart de -40 000 à -12 000 ans (Pléistocène supérieur).

    Les tourbières de Windover, en Floride, milieux pauvres en oxygène, et de pH neutre, ont préservé la morphologie d'environ 180 squelettes humains, et ont aussi permis d'analyser l'ADN extrait à partir des os et cerveaux de ces individus vieux de 7 000 ans.

       L'ambre est un autre milieu qui aurait pu permettre la conservation de l'ADN à très long terme. Cette résine végétale constitue un véritable coffre-fort pour la préservation squelettique ou morphologique de petits animaux et de végétaux, puisque l'animal ou le végétal est englué dans une matière le protégeant de l'humidité.

Mais l’ambre ne conserve pas l’ADN des insectes capturés : les résidus ne sont que des enveloppes vides. En outre, étant une matière végétale, il ne faut pas confondre l’ADN de l’animal piégé et celui de la plante, ce qui est parfois impossible. Voilà pourquoi l’ambre n’est pas utilisée.

(1) On appelle milieu anaérobie un milieu où il n'y a pas présence de dioxygène (O2). Un organisme vivant ou un mécanisme anaérobie n'a pas besoin d'air ou d'oxygène pour fonctionner.

(2) Zone du sol ou du sous-sol, gelé en permanence et complètement imperméable, dans les régions arctiques.