L'archéologie est une discipline scientifique dont l'objectif est d'étudier l'Homme depuis la Préhistoire jusqu’à l'époque contemporaine à travers l’évolution des techniques et des civilisations, grâce à l'ensemble des vestiges matériels ayant subsisté : outils, ossements, poteries, armes, pièces de monnaie, bijoux, vêtements, empreintes, traces, peintures, bâtiments, infrastructures, etc…
L'ensemble des artéfacts (objet façonné par l'Homme et découverts à l'occasion de fouilles archéologiques) et des écofacts (résidus de l’action de l’Homme sur l'environnement) est appelé mobilier archéologique. Chaque mobilier archéologique relevant d'une période, d'une civilisation, d'une région, ou d'un peuplement donné, est appelé culture archéologique.
Mais l'archéologie se réfère également aux écrits de l'Homme au fil des siècles, aux manuscrits anciens, ainsi qu'aux constructions qu'il a pu réaliser. L'unité de temps pour les archéologues est le siècle, ou bien encore le millénaire.
L’archéologue acquiert donc l’essentiel de sa documentation à travers ses travaux de terrain, contrairement à l’historien, dont les principales sources sont des textes. Mais l'archéologue utilise aussi des documents écrits lorsque ceux-ci sont matériellement disponibles tout comme il peut faire appel aux sciences de la vie et de la terre ou aux autres sciences humaines. L'existence ou non de sources textuelles anciennes a permis d'établir une division chronologique des spécialités archéologiques en trois grandes périodes : l'archéologie de la Préhistoire (absence de sources textuelles), l'archéologie de la Protohistoire (peuples n'ayant pas de sources textuelles mais étant cités dans ceux de peuples contemporains) et l'archéologie de l’Histoire (existence de sources textuelles). Il existe aussi des spécialisations archéologiques réparties suivant le type d’artefacts étudiés (céramiques, bâti, etc.), ou selon la matière première des artefacts étudiés (pierre, terre crue, verre, os, cuir, etc.).
Histoire de l’Archéologie
Pendant longtemps, l’archéologie se résumait à la collecte d’objets d’art anciens, que l’on admirait et étudiait de façon littéraire et non scientifique. Elle se développe comme science au XIXe siècle, et prend pour but le développement de l’Histoire, en complétant les sources écrites, en les contredisant ou en palliant leur absence.
Les premiers archéologues se sont essentiellement intéressés à la datation et à la chronologie des vestiges afin de caractériser et de comparer les différentes civilisations pour saisir les étapes successives de l’évolution humaine. La recherche archéologique a désormais élargi son champ d’étude à tous les actes de la vie quotidienne mais aussi aux contextes environnementaux, économiques et culturels des sociétés du passé. Ceci explique la complexité et la diversité des méthodes de l’archéologie. Il ne s’agit plus seulement de décrire et de dater monuments et objets, mais de tenter de restituer tous les aspects de la vie de l’Homme au fil des millénaires. Cette ouverture sur toutes les sciences est relativement récente.
Méthode du travail de terrain
Les fouilles archéologiques impliquent, pour mettre au jour les vestiges, la destruction du reste de l'information pouvant être contenue dans les déchets du chantier : il est impossible de revenir à l'état initial. Les prospections sont, au contraire, non destructives : souvent, elles précèdent les fouilles.
Pour repérer un site, l’archéologue procède à une prospection, qui vise à localiser les sites qui ont été occupés.
L'observation fine permet de repérer des anomalies dans le paysage, telles que de légères différences visuelles dans la végétation (indices phytographiques), dans le niveau du sol (indices topographiques), différences de résistivité électrique du sol (résistivimètre), légères différences dans le champ magnétique terrestre (magnétomètre), ou encore dans les caractéristiques électromagnétiques du sol (détecteur de métaux).
L’investigation d’un site commence d’abord par la stratigraphie. Elle consiste à identifier chaque strate (couche sédimentaire) du terrain correspondant à la même période. En général, une strate qui en recouvre une autre est plus récente et les couches sont d'autant plus anciennes qu'elles sont plus profondes.
Figure 11. Stratigraphie du site préhistorique de Coudoulous (Lot).
Cependant, les fondations d'une construction, par exemple, peuvent traverser localement des strates plus anciennes, ou encore depuis les remblais amener un matériau ancien par-dessus des couches plus récentes.
Méthodes scientifiques d'analyse
Le matériel fourni par la stratigraphie est soumis à une série d'analyses qui permettent de le caractériser.
La typologie consiste à classer les vestiges selon leur ressemblance et leur dissemblance et à les localiser dans l'espace et dans le temps en les rattachant à un contexte. Chaque culture archéologique est, finalement, périodisée, c'est-à-dire découpée en phases chronologiques.
Le matériel archéologique peut ensuite être daté, pour plus de précision. La technique la plus utilisé est la datation au carbone 14.
Le carbone 14 se trouve intégré aux organismes vivants par le cycle du dioxyde de carbone. À la mort de l'organisme, du fait de la radioactivité qui le caractérise, l'abondance de cet isotope par rapport au carbone 12 décroît au cours du temps.
Figure 12. Fragments de céramique classés typologiquement.
La mesure de cette abondance, au moyen d'un compteur ou d'un spectromètre de masse, permet de déterminer le temps écoulé depuis la mort de l'organisme. L’échantillon étudié est détruit, mais la spectrométrie de masse permet désormais de travailler sur de très petites quantités de matériaux organiques, telles qu'un noyau d'olive ou quelques graines.